chap 16 pr editrice only

Le Monde Blanc

Livre I

Chapitre 16-

Le pays des rêves le conduisit dans un abyme lumineux, jusque dans une salle à manger familière. Très familière. Il reconnaissait les bibelots, les tapisseries, l’odeur de la peinture fraîche, l’atmosphère de sa charmante petite maison d’Oxford.
Une petite fille blondinette avec des couettes, lui arrivant aux genoux courut les bras tendus en hurlant : « Papa! Papa! », et il l’a souleva de ses deux mains.
A peine la petite fille riait en le regardant qu’elle souhaitait déjà qu’il la repose à terre pour qu’elle puisse jouer dans sa chambre. Elle était si vive…
Mais où était donc sa femme ? Ni dans la chambre, ni dans la cuisine, ni…
Peut-être dans la salle de bain?
Il partit à sa recherche et la trouva effectivement dans la salle de bain, debout près de l’évier, lui tournant le dos.
Etant retournée, il était impossible à l’homme de savoir de quelle humeur était sa femme chérie.
« Chérie, je suis rentré. Tu vas bien?
_ Va t’en David. Ne me regarde pas.
_ Qui a-t-il? Chérie ça ne va pas?
La femme se retourna, lui adressa un regard haineux comme il n’en avait jamais vu chez elle, puis elle tendit de sa main droite un scalpel sortit de nulle part.
_ Laisse moi tranquille! » Hurla-t-elle.
Puis elle s’enfonça la lame au plus profond de sa gorge.
Le sang coulait, il inondait la pièce, il giclait sur lui, sur sa bouche, sur ses yeux, il l’étouffait…
L’angoisse était telle pour David qu’il hurla de toute ses forces. Le rêve se troubla et disparut. L’anglais rouvrit les yeux.
« Mon Dieu! Pitié!
Sortit de son second malaise, la première vision que David eut du monde réel était une femme cheveux châtain en blouse blanche, sans vie et la tête livide baignant dans une énorme auréole ensanglanté.
_ Noooon! Au secours! »
Prit de panique, l’anglais se leva d’un bond et traversa toute la pièce en se dirigeant vers la porte de sortie.
Lorsqu’il eut mit le pied dehors, un évènement inattendu le fit rester de marbre : la tempête de vent était si forte qu’il arrivait à peine à ouvrir ses yeux. L’air fouettait la peau de ci de là avec grande puissance, et David savait que s’il restait sur place trop longtemps, il ne resterait de lui qu’une statue humaine.
« A l’aide! Vous êtes où? Eh!! »
Mes lunettes ont dû tomber quelque part dans la réserve. Je ne vois plus rien avec tout ce vent…
« Suis-moi! »
Par chance, un individu le saisit et l’entraîna avec lui dans un endroit qu’il était seul à connaître.
C’est la voix de James.
Et David ne se trompait pas. Son collègue, accroché à lui, prenait des tournants par moments, et David espérait que cette traversée arriverait bientôt à terme, car il sentait ses os se glacer.
« Le ciel est redevenu noir David, c’est mauvais signe ».
Ce n’est qu’après avoir entendu ces mots que David réalisa la chose : il faisait sombre partout, comme si la nuit avait fait son retour alors qu’il fallait attendre quelques mois encore pour que ce soit le cas.
La fumée nucléaire couvre le ciel de nouveau. Les bombes tombent toujours, et certaines sont proches du continent.
« Ici, David, entre! »
James le conduisit à l’intérieur d’une pièce où il faisait plus chaud. Lorsque la porte métallique se ferma derrière le second anglais, les sifflements agressifs du vent semblaient être loin.
Cependant un autre bruit détourna l’attention de David…
Des cris de douleurs.
Dans la pièce, se trouvait deux lits, mouillés par l’eau de mer, une table de chevet et un évier.
Sur l’un des deux lits, était placé un Matt qui se tordait dans tout les sens, entrant dans des sortes de convulsions inquiétantes. Il posait ses mains sur son ventre et secouait rapidement la tête de droite à gauche. David n’arrivait pas à y croire.
« James, qu’est-ce que…
_ Il est comme ça depuis dix minutes. On dormait et quand je me suis réveillé par ses cris, il était comme ça. Je ne sais pas… Je… Merde je sais pas quoi faire!!
Il était clair que James était affolé. David se devait de le rassurer, car la panique ne serait d’aucun secours.
_ Ecoute James, tout va bien se passer, mais il faut faire vite, aide-moi à le maintenir. Dépêche-toi!
James se précipita sur le lit.
_ Et je fais quoi!
_ Maintiens-le moi ! Tu l’as fait boire ?
_ Non, j’ai essayé mais il se débat trop!
James serra avec force Matt, bien qu’on sentait chez lui un manque d’assurance.
_ Tiens-le moi, je vais sortir la bouteille d’eau de mon sac à dos.
David s’exécuta, trouva ce qu’il cherchait et reprit la parole.
_ Bon, maintenant James tu ne le laisses pas bouger. Il va devoir ingurgiter l’eau. Je compte sur toi.
_ Je… vais essayer…
_ Bien ».
David s’efforça d’ouvrir la bouche de Matt, dont les muscles résistaient fortement. Il finit par placer le bout de la bouteille minérale contre les lèvres du malade et pencha la bouteille.
« Allez, avale Matt, un petit effort allez!
_ Il va recracher!!
_ La ferme, James! »
Matt déglutit, les paupières closes, ce qui sembla le détendre : ses convulsions diminuèrent, s’affaiblirent, pour enfin cesser.
Sa respiration était redevenue normale.
«  Bon. Il doit y avoir une pharmacie dans cette foutue base. James, tu crois qu’il est épileptique?
_ Pas à ma connaissance… Je… Ne comprends pas…
_ Je vais aller chercher une pharmacie.
_ T’es dingue! Avec cette tempête si tu sors tu ne reviens plus! »
Il marque un point. Même si je le voulais je…
« ça va aller, les mecs »

Matt venait de reprendre conscience, et parlait en murmurant sur son lit.
« _ Matt, bon dieu tu nous as fait peur! Je vais te donner des médicaments, je finirai par…
_ Laisse David, je vais bien.
_ Ton teint te contredit. De toute façon, avec la crise que tu nous as faite, je ne…
_ Mon teint ? Qu’est-ce qu’il a mon teint ?
Matt se mit à exécuter une grimace très particulière. Il montra ses dents en ouvrant une grande bouche et plissa son nez, ce qui le rapprochait du chimpanzé.
_ Vous êtes satisfait, les mecs ?
Ni David ni James n’osa répondre.
_ Ok ce silence ne me plaît pas. Alors regardez bien.
A la grande surprise des deux hommes qui le fixaient, Matt se leva d’un coup et leur fit face.
_ Eh Matt t’es cinglé! T’es naze et tu dois rester allongé! Bordel de… lâcha David, exaspéré.
_ Le naze va t’exécuter un salto arrière. Pousse-toi James, j’ai besoin de suffisamment d’espace.
James obéit, les yeux écarquillés.
_ Mais il est fou! Explosa David. Matt je suis ton supérieur et je t’ordonne de rester allongé!
_ Sinon quoi patron? Tu va me virer parce que je souhaite m’occuper seul de ma santé? Oh mais j’oubliais: si tu me vires, ai la gentillesse de m’indiquer où se trouve le bureau de chômage, parce que là tout de suite je le trouve pas!
David se tourna vers James, puis lui demanda tout bas:
_ t’es sûr que tu lui as rien administré?
_ Rien! Mais je me demande ce qu’il y avait dans ton eau… »
Matt plia ses genoux.
_ Admirez! Trois, deux et… Oups! 
Matt posa ses mains sur son front en reculant de quelques pas.
_ J’ai le tournis, c’est seulement un contretemps…
_ Et voilà à faire le con! Maintenant tu t’allonges! »
David et James aidèrent Matt à se recoucher dans le petit lit trempé. Puis David souffla un grand coup… Avant d’exploser de rire sans pouvoir s’arrêter.
« Ne me faite pas rire, patron, dit James esquissant un sourire, pitié, j’ai trop de respect pour ce…
_ singe? Proposa David.
_ Ce singe se repose quelques secondes dans sa cage, mange sa banane et repart faire ce foutu salto, termina Matt »
Tout trois se mirent à éclater de rire en chœur et sans pouvoir s’arrêter.


Vincent croyait entendre sa mère alors que ses yeux étaient fermés.
Vincennnnt!
Mais lorsqu’il les ouvrit, il comprit avec étonnement qu’il s’agissait de la voix de Mélanie, installée dans le lit d’à côté.
Elle est éveillée!
Il sauta alors du lit pour s’installer près d’elle.
« Mélanie, comment tu te sens maintenant? Mieux?
La jeune femme lui adressa un sourire.
_ Pas trop mal. Mon foi est encore douloureux mais ça va passer.
Merde! Son foi est encore…
_ J’ai de l’eau dans mon sac. Tu en veux?
_ Merci, j’ai pas très soif. C’est gentil.
Elle lui sourit de nouveau.
_ Je t’en pris.
_ Vincent dis-moi, j’ai vu David juste avant de m’endormir. Il a dit qu’on devait partir à tout prix… Et pourtant on est encore ici…
_ Non c’est… une autre base.
_ Pardon?
Dois-je tout lui dire ?
_ Les choses se sont très mal déroulées…
_ Que s’est-il passé ? Dis-moi, je t’en supplie! Vincent, ne t’en fais pas je suis prête à entendre.
Jamais je ne pourrais lui dire.
_ Je pense pas, non. Repose toi, David viendra quand la tempête se sera calmée.
_ S’il te plaît Vincent informe-moi. Fais-le pour moi, je t’en pris, je te le demande.
Merde…
_ Tout… Il y a… Mon dieu…
_ Oui, continue, ça va aller…
_ Une… Bombe nucléaire a explosée à des kilomètres d’ici. Et elle a provoquée un raz-de-marée qui s’est dirigé sur nous et…
_ Un raz-de… Oh non…
Mélanie était tétanisée.
_ Pardonne-moi, je ne peux pas… Mélanie, c’est trop…
La jeune femme brune lui prit les mains doucement. Vincent sentit son estomac se tortiller.
_ Je dois savoir, Vincent. S’il te plaît.
Elle est si belle…
_ Tout le monde est mort! Seigneur… Il ne reste que nous! David, moi, Patrick, James, Matt et toi! Ils sont tous mort! Partout autour! Partout!
Vincent s’affala à terre.
_ Tout le monde… Mélanie avait peine à y croire, même si elle savait au fond d’elle-même que Vincent ne mentait pas.
_ C’est horrible… Mélanie était incapable de prendre l’information pour argent comptant.
C’était impossible…
Vincent se mit à pleurer . Beaucoup, longtemps, il n’en pouvait plus.
Mélanie sortit de son lit pour lui passer un bras affectif autour de la taille.
_ Je ne comprends rien au monde, Vincent. Je t’envie tu sais. Moi je ne suis même plus capable ni de pleurer, ni de réaliser…
_ Je suis désolé, Mélanie… Bon dieu je suis désolé…
_ Mais de quoi? La jeune femme se rapprocha de lui gentiment.
_ Je t’ai tiré dessus… comme une brute… J’ai…
_ non, tais-toi. Tu ne voulais pas, c’était un accident. Arrête.
Vincent se força à se calmer. Ce n’était pas le moment pour craquer.
_ Mais je ne comprends pas, ajouta Mélanie. Je suis resté inconsciente durant tout ce temps. Et vous avez fait le trajet de notre base à ici… Donc on a dû me transporter… Qui?
_ Tu étais en traîneau avant qu’il ne tombe dans le gouffre…
_ le… Et ensuite?
_ ensuite… C’est moi qui t’ai transporté.
_ Quoi, tout le trajet?
_ Oui… »
Il y eut un moment de silence, puis Mélanie regarda Vincent dans les yeux avant de lui dire:
« je te suis vraiment reconnaissante. Merci beaucoup »
Ce sourire… Il m’apaise tant…
« Allez, lève toi. Je vais guetter David.
Elle lui adressa un clin d’œil et il s’exécuta tant elle était belle. Puis la jolie fille se dirigea vers la seule fenêtre de la pièce.
_ Tout ce vent… Depuis quand la tempête s’est-elle déclarée?
_ Depuis qu’on est ici, répondit Vincent
_ C’est-à-dire?
_ ça doit faire deux heures.
_ Il y a quelque chose là-bas… Au loin… Mon sac est dans cette pièce ?
_ Oui, Matt l’a mit au pied du lit, tiens.
Vincent lui tendit son sac à dos, et Mélanie l’en remercia. Puis elle sortit une paire de jumelles et observa le dehors par la fenêtre fermée.
_ alors, Mélanie?
_ Nom d’un chien.
_ Quoi?
_ Au loin… C’est… C’est un hélicoptère! Un hélicoptère échoué! »