Le Monde Blanc
Livre I
Chapitre 15-
Ses yeux se remplissaient de larmes tellement le vent funèbre se jetait sur son visage avec une puissance inouïe. Ses cheveux noirs à demi longs se balançaient de gauche à droite, lui voilaient ses yeux par moment, mais pour rien au monde Vincent ne détacherait son regard de sa cible. Il devait savoir.
« ça suffit maintenant! Encore Cinq minutes et la tempête nous paralysera avant de nous tuer pour de bon en congelant nos organes! Si t’as envie de jouer aux grandes révélations avec le tueur psychopathe, choisie au moins ton moment! Je suis désolé le français mais on ne peut plus attendre. Salut ».
Sur ces mots, Matt, dont le teint foncé se palissait au fur et à mesure que son corps se refroidissait, adressa un signe de main à James. Ce dernier, avec peu d’assurance, s’approcha de Vincent et tendit les bras.
« You must give me…
_ Pas la peine, je comprends pas. J’ai toujours eu horreur de l’anglais, coupa Vincent.
James regarda Matt qui prit le relais.
_ Le français, si tu veux rester ici, libre à toi mais je ne permettrais pas que tu gardes Mélanie avec toi. Dépose-la dans les bras de James s’il te plaît.
La déposer ? Vincent avait commit une erreur qu’il devait réparer…
_ Jamais, Matt.
Matt transportait déjà David sur ses épaules, il n’était donc pas pratique de régler les problème avec une telle charge sur le dos.
C’est pourquoi Matt posa le chef au sol, prenant soin de l’asseoir afin de ne pas le noyer dans l’eau enfin stable déposée par l’immense vague.
« Je vais venir la chercher, alors. Ne fais pas l’imbécile.
Vincent n’avait aucune arme sur lui, à l’inverse de Matt. Il fallait faire vite.
_ Patrick, dépêche-toi, raconte moi tout.
Vincent reculait petit à petit, pour ne pas avoir à affronter Matt. Patrick l’imitait.
_ Je disais qu’il ne restait que trois initiatives.
_ Oui, lesquels, vite Patrick! Vincent s’impatientait.
_ Ou bien tout le monde meurt à la fin de cette guerre, et dans ce cas personne ne viendra nous chercher et on est tous coincés ici…
Matt n’avance pas vite, il veut éviter les ennuis, lui aussi, je dois reculer encore…
_ Ou bien les américains et leurs alliés sortent vainqueurs et nous pouvons espérer rentrer chez nous…
Le vent redoublait d’intensité.
_ Ou… Ou bien les Paters d’Europe et leurs alliés gagnent et dans ce cas il viendront ici… Exploiter ce continent.
_ Comment ça ?
_ Quand cette guerre sera terminée, les radiations rendront l’ensemble du globe inhabitable pour nos chefs d’Etat et les possibles survivants. Vu que ce continent est totalement détaché des autres, il ne subira probablement pas trop de dégâts et… Ils viendront ici pour reconstruire.
_ Vous rêvez, monsieur.
Matt prit part malgré lui à la conversation, en continuant d’avancer.
_ Je ne crois pas vous avoir parlé, lança Patrick.
_ Nos Paters ont bâtis des bulles robotiques en métal indestructible tout autour du pays. Pour justement protéger la population d’éventuelles radiations nucléaires, répondit Matt.
Pour la première fois, Patrick éclata de rire.
_ C’est vous qui rêvez, monsieur rosbif. Indestructible ? Ces murs sont en aluminium et ne protègeront le pays qu’en temps limité. Nos Paters en ont bien conscience, et lorsqu’il n’y aura plus d’autre choix, ils viendront ici.
_ But our fam… My wife, my children… People will be protected no?
James venait de prononcer cette phrase alors qu’il était en sueur. Pourtant, il faisait terriblement froid.
_ James demande… Commença Matt. Nous savons que des protections de secours ont été prévues pour protéger le peuple d’une telle guerre. Mais outre la bulle métallique qui selon vous - il jeta un regard noir à Patrick- se détruira, y a-t-il d’autres sécurités de prévues pour nos familles et nos amis ?
Il y eu un bref moment de silence qui sembla durer aux yeux de Vincent. Patrick semblait hésiter. Puis :
_ Bien sûr, oui, affirma Patrick.
Vincent ferma les yeux et serra les poings.
S’il savait ce que je sais, jamais il n’aurait servit notre Pater… Il est corrompu par les idéologies… Comme les autres…_ Bien.
Puis Matt se tourna vers Vincent.
_ Donne-moi Mélanie maintenant. Il n’y a plus de temps à perdre. Je ne veux pas être forcé d’employer certaines méthodes désagréables.
_ Stop it, Matt.
Il s’agissait de la voix de David.
Tout le monde fixa l’homme roux assis par terre, le visage abattu par la fatigue. Il s’était réveillé de son malaise.
_ David, nous devons partir et Vincent refuse de…
_ Je sais, j’ai entendu. C’est à moi de lui parler.
_ La tempête approche et le temps est compté! Nous avons décidé de nous diriger vers la base d’Argentine pour chercher de quoi manger ou se réchauffer, et dormir. Il faut partir maintenant!
_ D’accord, Matt. … Donne moi une minute. La voix de David était faible et il parlait lentement. Il s’adressa alors à Vincent sans la moindre nervosité, mais avec grande franchise.
_ Ecoute Vincent, après ce qu’il vient de se passer, avec les pertes qu’il y a eut -David baissa les yeux un instant- on es tous sur les nerfs, fatigués, affamés, frigorifiés, et tu le sais très bien. Une tempête est à l’approche, ce qui n’améliore en rien la situation. Une base toute proche s’offre à nous et on aimerait vraiment que tu acceptes de coopérer. Garde Mélanie si tu le souhaites mais pars avec nous, s’il te plaît. Ne nous tu pas ».
Vincent ne dit rien, mais hocha la tête et suivit le groupe, secondé par Patrick.
Il se sentait un peu honteux d’avoir fait attendre tout le monde dans de telles conditions, mais il était persuadé que Patrick savait des choses que lui-même ignorait. Des détails échappaient encore à la résistance.
Durant le trajet, personne ne s’adressa un mot. David avait reprit assez de force pour se remettre debout et devancer le groupe, et après quelques minutes durant lesquels l’air giflait la blouse de Vincent, le rouquin aperçut ce qu’il cherchait.
« OK, let’s go!